mercredi 16 mars 2016

Rue Mustel, Journal d'un technicien de la DSEM: Numéro 3.

« C'est toujours le formateur qui en sait le moins qui sera désigné pour vous enseigner ce qu'il ne sait pas. »
« L'homme vain fait naître le ridicule qu'il redoute, et le colérique s'avilit par orgueil. »


« Quand un fou paraît tout à fait raisonnable, il est grand temps, croyez-moi, de lui mettre la camisole. »
Petite mise-en-bouche...
Le petit monde de la technique postale est encore principalement masculin même si, ces derniers temps, des techniciennes ont été recrutées. Il ne faut pas se faire d'illusion, si la gente féminine fait son entrée, certes encore timide, dans les ateliers de maintenance, ce n'est pas pour une histoire de parité : c'est pour faire plaisir à ces messieurs. A Rouen, le Directeur de Territoire a recruté la première technicienne en 2014 et une deuxième l'année suivante. En septembre de l'année dernière, une étudiante en formation par alternance est arrivée rue Mustel. Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut entrer dans l'esprit d'un technicien mâle et imaginer quel fantasme peut se former lorsqu'il entend l'expression « jeune étudiante » : il voit Claudia Schiffer, Naomi Campbell ou Laetitia Casta. Or, ladite étudiante n'entrait pas dans le moule que ces messieurs les techniciens avaient souhaité. Adieu donc Claudia, Naomi, Laetitia ! Quand le personnel déconne, et je pèse mes mots, le rôle des cadres n'est-il pas de rectifier les situations qui partent en sucette ? Et bien là, non. Peut-on parler dans ce cas précis de discrimination ? On pourrait ! Que faire dans une situation où le chef semble être de mèche avec une partie de son personnel ? Soutenir cette étudiante qui n'a pour seul bagage que des connaissances qui ne demandent qu'à être valorisées et sur lesquelles des cons machistes marchent sans vergogne. « On va vous faire aimer l'an 2000 » disait-on jadis...


Le tutorat, en vrai.
« Le tutorat est une relation formative entre un enseignant, le tuteur, et un apprenant, une personne (ou un petit groupe de personnes) en apprentissage. Il se distingue de l'enseignement classique impliquant professeurs et élèves par une formation individualisée et flexible. Le tuteur n'a pas forcément toutes les connaissances que doit maîtriser l'apprenant au terme de sa formation car son rôle n'est pas d'apporter des réponses aux problèmes posés mais de guider l'apprentissage. »
Le rôle du tuteur est une mission généralement prise à cœur par l'intéressé. Investi d'une responsabilité managériale, il en retire très souvent une motivation d'évolution personnelle.
Les missions du tuteur en alternance:
  • assurer des conditions optimales d'intégration dans l'entreprise (accueil, présentation, planning, informations...),
  • participer activement à la formation initiale (organisation de l'équipe, répartition des rôles, méthodes de l'entreprise, connaissances produits...),
  • motiver et stimuler,
  • assister et conseiller dans l'ensemble des activités,
  • responsabiliser de façon progressive et selon les potentiels,
  • évaluer la dynamique de progression et agir en conséquence,
  • s'informer de la progression pédagogique et du bon déroulement de la formation...
Le tuteur dans le contrat de professionnalisation :
  • Le tuteur a pour mission d’accueillir, d’aider, d’informer, de guider le salarié, et de veiller au respect de son emploi du temps.
  • Il assure la liaison avec l’organisme ou le service de formation chargé de mettre en œuvre les actions de professionnalisation et participe à l’évaluation du suivi de la formation.
L’employeur désigne un salarié de l’entreprise. Il doit :
  • être volontaire ;
  • justifier d’une expérience professionnelle dans la qualification en rapport avec l’objectif de professionnalisation visé.


Le tutorat, rue Mustel.
« Dans le monde agricole, un tuteur est une armature soutenant une jeune plante ayant fait l'objet d'un tuteurage. »
A Rouen, le Directeur de Territoire est un original : il prend des décisions qui surprennent tout le monde ou qui ne répondent pas à une logique même élémentaire. Pour la nouvelle étudiante inscrite au CESI de Mont-Saint-Aignan, il a choisi le maître de stage le moins adapté. Etait-ce intentionnel ou non ? Personne n'a encore pu percer le mystère.
Le tuteur choisi pour accompagner notre victime pour les deux prochaines années, quoique fort sympathique, est un spécialiste de la sûreté. C'est un domaine qu'il maîtrise bien mais c'est le seul. Pour ce qui est de l'informatique, il le dit lui-même, ce n'est donc pas un scoop, il n'y connaît pas grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Son domaine d'activité principal est effectivement assez chargé pour qu'il n'ait pas à s'encombrer d'un second qui ne l'intéresse de toute façon pas. Mais c'est là que le bât blesse. La stagiaire n'a que faire de la sûreté, matière qui ne figure pas à son programme. N'importe quel nigaud remarquerait alors qu'une légère erreur d'appréciation a été commise et que la moindre des choses serait de rectifier le tir. Or à Rouen, les choses ne se passent pas comme ça.
Si on creuse un peu, trouver un tuteur plus adapté n'est pas chose aisée : entre ceux qui n'ont pas le grade voulu et ceux qui ne sont pas volontaires parce que la petite étudiante ne ressemble pas à la photo ci contre, il ne reste plus grand monde. Encore faut-il trouver, dans ce qui reste, le bon candidat. Il n'y a pas de honte à reconnaître son erreur, bien au contraire. S'y enfoncer ne peut avoir que des conséquences fâcheuses pour tout le monde. C'est pourtant l'option retenue par le Directeur du Territoire. Si quelqu'un est capable de m'expliquer pourquoi il préfère passer pour un imbécile, je suis prêt à écouter ses arguments.


Le mensonge comme arme de management massif.
« Le mensonge est une forme de manipulation qui vise à faire croire ou faire faire à l'autre ce qu'il n'aurait pas cru ou fait, s'il avait su la vérité. »
Le mensonge, ce n'est pas seulement le contraire de la vérité : les choses seraient trop simples. Un bon mensonge doit d'abord avoir toutes les caractéristiques de la vérité et ne pas éveiller les soupçons de ceux à qui il s'adresse. Il peut être soit une altération de la vérité, ou son exact contraire, soit une invention pure et simple. Le mensonge est généralement invérifiable puisque ce qu'il prétend ne repose pas sur des faits, des événement ou des informations existantes. On peut toutefois percevoir le mensonge lorsque des éléments viennent contredire son énoncé. Un mensonge repose sur du faux, de l'inexact, de l'approximatif ou de la fiction. Il ne peut donc s'expliquer, se justifier ou s'affirmer que par un autre mensonge. Un menteur n'avouera jamais qu'il ment même si les preuves de sa forfaiture lui son mises sous les yeux : il répétera ses propos, leur apportera mêmes des précisions, haussera le ton, fera usage de son grade pour imposer ses vues, et se réfugiera dans cette ultime pirouette qu'est la mauvaise foi. Il prétendra alors que la vérité qu'on lui oppose n'est qu'une interprétation et qu'il ne cautionne pas. Le menteur est comme le chef, il veut toujours avoir le dernier mot.


Oui, il faut mentir.
« Le mensonge se définit couramment comme une parole différente de la pensée de celui qui l’énonce. Le mensonge est donc avant tout mauvaise foi. »
Le mensonge est partout : dans la vie familiale et quotidienne, en politique, en économie et en entreprise. Nous en côtoyons toutes les formes : du plus bénin au plus grave, en passant par le mensonge pieux, le mensonge par omission et ainsi de suite. Pourquoi s'en offusquer puisqu'il nous environne depuis le berceau : souvenez-vous du Père Noël qui était supposé vous apporter vos cadeaux. C'est simple : par moment, il devient intolérable. C'est quand votre manager transpire le mensonge que vous ne le supportez plus. Le collaborateur ment autant que son manager mais pas sur les mêmes sujets : le collaborateur gonflera ses chiffres, enjolivera ses interventions, gonflera ses heures pour que le tout cadre avec les attentes du système informatique tandis que le manager aménagera la réglementation pour léser certains ou récompenser d'autres.
En règle générale, le mensonge est utilisé pour minimiser les incidents, arranger les événements pour qu'ils puissent entrer dans le moule imposé soit par la hiérarchie, soit par le système d'information. De cette manière, les résultats et les chiffres obtenus ne sont pas tout à fait vrais mais pas tout à fait faux non plus. On obtient alors une sorte d'équilibre qui satisfait tout le monde. Cet équilibre est instable et ne demande qu'à vaciller. Les projets de restructuration de la hiérarchie et les revendications des syndicats, forcément contraires, sont les pistons qui secouent l'édifice. Le vainqueur est toujours celui qui a un mensonge d'avance. Je vous laisse deviner qui il est même si l’énigme est facile à résoudre.
Les cadres qui se croient supérieurs alors qu'ils ne sont que des passe-plats, mentiront sur ordre ou par goût afin de faire gober au personnel les messages du siège. Le personnel fera de la résistance comme il le pourra, en vain.


Non, ne mentez pas.
Une paix sociale durable ne peut s'établir que sur des bases solides. Non, le monde n'est pas divisé en deux : ceux qui dirigent et décident de tout, contre ceux qui obéissent et se taisent. La société est un ensemble et cet ensemble doit trouver un équilibre en respectant quelques règles élémentaires :
La transparence : Qualité d'une personne dont les pensées et les sentiments sont faciles à comprendre, à deviner. Qualité d'une institution qui informe complètement sur son fonctionnement, ses pratiques.
L'honnêteté : Qualité de celui qui est fidèle à ses obligations, à ses engagements, qui ne cherche pas à tromper; qualité de ce qui est fait en respectant les engagements pris, sans tromperie.
La franchise : qualité d'une personne qui parle et agit ouvertement, sans dissimulation, comme elle pense.
L'équité : sentiment de justice naturelle et spontanée, fondée sur la reconnaissance des droits de chacun, sans qu'elle soit nécessairement inspirée par les lois en vigueur.
La solidarité : sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui sont moralement obligées les unes par rapport aux autres. Ainsi les problèmes rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe.
L'intérêt général : ensemble de valeurs, d'objectifs qui sont partagés par l'ensemble des membres d'une société. Il correspond aussi à une situation qui procure un bien-être à tous les individus d'une société.
Les hiérarques de la DSEM ont pris l'habitude de prendre les techniciens pour des imbéciles incultes, ignares et incapables de comprendre les enjeux économiques. Sur un terreau de cette nature, les mensonges germent facilement.


Manager, menteur.
« La mauvaise foi désigne l'attitude ou le comportement de celui qui manque de loyauté envers autrui, notamment dans le cadre d'une relation contractuelle. La mauvaise foi s'apprécie tant en matière de négociation qu'en matière d'exécution du contrat. La notion de mauvaise foi s'oppose directement à celle de bonne foi prévue à l'article 1134 alinéa 3 du Code civil. Lorsqu'elle est démontrée, la mauvaise foi peut exposer son auteur au versement de dommages et intérêts au titre de la compensation du préjudice subi. En revanche, elle ne dispense généralement pas le cocontractant qui l'invoque du respect de ses obligations contractuelles. »
Le Directeur de Territoire doit avoir eu une formation particulière pour aménager la réglementation à sa convenance. Il n'hésite pas à la détourner voire à l'inventer de toute pièce plutôt que de se renseigner. Le cas du tuteur de stage cité en page précédente en est une illustration évidente. Nous aurons l'occasion d'y revenir. C'est certain !


« Les Schtroumpfs est une série de bande dessinée belge créée par Peyo en 1958 racontant l'histoire d'un peuple imaginaire de petites créatures bleues logeant dans un village champignon au milieu d'une vaste forêt. Les seize premiers albums ont été créés par l'auteur original. »
Une Agence de Maintenance, un vrai village schtroumpf.
Tout le monde connaît ces petits personnages bleus dont les aventures ravissent les enfants. Les adultes se détournent généralement de ces histoires parce qu'ils les trouvent simplettes mais ils ont tort. La forêt enchantée où vivent ces petits personnages n'est qu'un reflet parmi tant d'autres du monde des adultes. La société schtroumpf est, à l'exception de la schtroumpfette arrivée tardivement, essentiellement masculine. Elle possède un nombre impressionnant de corps de métiers et est dirigée par un chef, tout de rouge vêtu, et d'un intermédiaire bigleux qui ne sait rien décider par lui-même et qui fait constamment référence aux propos de son maître. Il ne faut pas oublier le vilain Gargamel qui incarne à lui seul tous les travers de la société moderne occidentale à commencer par la structure capitaliste et libérale de notre monde. Cet homme en noir ne rêve-t-il pas constamment d'asservir ces petits êtres bleus, à l'aide de réformes économiques, d'un nouveau code du travail et divers traquenards ? Et que penser de son fidèle compagnon, un chat qui porte un nom de démon biblique, animal qui a la réputation d'être fourbe ? Relisez leurs aventures où la cueillette de la salsepareille prend la forme d'un quête d'un idéal inaccessible et vous verrez qu'à défaut d'être Charlie, nous pouvons tous être des schtroumpfs confrontés d'une minute à l'autre à la mesquinerie, la jalousie et la convoitise de ces collègues qu'on croyait pourtant bien connaître.


Qui est le Grand Schtroumpf ?
Les schtroumps vivent dans des champignons, ce qui n'est pas innocent. Ils ont un chef qu'ils n'ont manifestement pas choisi ni élu. Il était là avant, il sera là après, ce qui semble être sa seule raison d'être. Il est une sorte d'arbitre, de juge, de manager qui ne se distingue de ceux qu'il accompagne de son apparente bienveillance que par la couleur de sa tenue et une barbe : un grade et une ancienneté qui lui permettent d'avoir un ascendant sur les autres. Sa présence donne aux aventures des allures de morale telle qu'on l'enseignait dans les écoles de la Troisième République, son absence déclenche des cataclysmes sociétaux qui ne sont pas sans rappeler certaines campagnes électorales corrosives. Tout cela, c'est dans les aventures pour enfants.
Dans notre réalité, le Grand Schtroumpf n'a qu'un grade d'opérette qu'il agite devant ses ouailles pour indiquer que c'est lui le chef. Il pense être investi d'un pouvoir alors qu'il n'est qu'un souffleur de théâtre, un perroquet qui reproduit bêtement les ordres que ses supérieurs lui transmettent. Pour cela, il communique, il organise des réunions et des groupes de travail. Mais il n'a pas bon caractère, il peut même être acariâtre, rancunier et vicieux. Il n'aime pas ceux qui parlent plus fort que lui, ceux qui démontrent le contraire de ce qu'il dit, ceux qui contestent les règles qu'il accommode à son bon vouloir. Il use de bassesses et de mesquineries : c'est un gamin, un sale gosse : l'enfant-roi sans couronne.


Qui est le Schtroumpf à lunettes ?
Que ce soit dans les aventures des petits êtres bleus ou dans la réalité, dans toutes les équipes il y a un schtroumpf à lunettes. C'est un individu qui n'est pas chef, il aimerait pourtant bien l'être, il n'en a pas la carrure, même s'il en est persuadé, il regarde tout le monde de haut, c'est pour cela qu'il a des lunettes, il veut tout régenter mais n'y parvient que rarement. Il se prend pour un intermédiaire entre le monde d'en-bas formé par la piétaille, et celui d'en-haut où commence l'illusion du pouvoir. Il se dit cadre mais personne ne sait pourquoi. Lui le sait, mais personne n'en est convaincu. Il cite toujours le chef comme s'il y puisait sa légitimité, le remplace quand il n'est pas là, possède le pouvoir de signer des documents de premier ordre et tire vanité et orgueil de sa position.
Toute la journée, il gère des actions dans des fichiers compliqués faits de cases qu'il agence comme un puzzle, il fait des plannings remplis du vide qu'on ne trouve ordinairement que dans les tréfonds de l'univers, connu et inconnu, mais ne connaît que deux mots : maintenance et déploiement. Il communique beaucoup, au téléphone uniquement, avec des responsables qui lui disent ce qu'ils veulent. Il note tout sur un cahier, dans le désordre et ne s'y retrouve jamais quand il a besoin d'un renseignement. Il se dit encadrant technique mais il ne sait pas encadrer et ne comprend pas toujours ce qui est technique. Qu'il soit là ou non, les choses marchent de la même manière. Alors pourquoi ne pas s'en passer, hein ?


Le pays des schtroumpfs dans sa version de maintenance technique.
Voici quelques uns des caractères que l'on peut trouver dans les ateliers de maintenance (en général). Ils peuvent s'associer, se cumuler, s'additionner et même s'annuler. Les combinaisons sont infinies.
Le costaud : il se croit bien plus fort qu'il n'est et finit toujours par se briser le dos à vouloir en faire trop. Le bricoleur : il ne maîtrise aucun domaine mais il touche à tout. C'est ça qu'ils appellent la polyvalence. Le distrait : il se rend quelque part pour une intervention alors que c'est la ville voisine qui est en panne. Le gourmand : il accumule les interventions pour faire des heures supplémentaires et gagner plus de sous. Le grognon : c'est un II,2. Il n'est jamais content de son sort et il ne cesse de le dire. Le paresseux : il s'arrange pour en faire le moins possible, perd du temps à discuter sur tout. Le casse-couille : il rencontre des problèmes qu'il ne peut régler seul et demande sans cesse de l'aide. Le grande-gueule : il ne peut s'empêcher de faire toutes sortes de commentaires lors des réunions techniques. Le bêta : il ne sait jamais s'il va savoir faire les choses qu'on lui demande et préfère que les autres s'en chargent. Le prétentieux : il accumule les interventions pour être bien vu mais ne fait jamais tout ce qu'il dit. La schtroumpfette : elle est une espèce rare et protégée, sauf quand les mâles en ont décidé autrement. Elle a les mêmes qualités que ses collègues mais aussi leurs défauts (y a pas de raison, non plus!). La liste ne s'arrête pas là : les petits êtres bleus, tout comme les techniciens, ont bien d'autres qualités et défauts : nous aurons l'occasion d'y revenir, rassurez vous.


« La qualité la plus importante chez un chef, c'est sa capacité à s'attribuer le mérite des choses qui se font toutes seules. » (Scott Adams, le principe de Dilbert)
Napoléon le très petit.
Que peut-il ? Tout. Que fait-il ? Rien ou si peu. Il a pris la Maintenance et n'en sait rien faire. On croirait pourtant qu'il se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décide ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide. L'homme est un carriériste. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir mais il commet des fautes. Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la Maintenance, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé.
(Ce texte est une adaptation de « Napoléon le petit » de Victor Hugo, issu de « l'histoire d'une crime » paru en 1852)


Les règles d'or du chef.
Règle n°1. Le Chef a toujours raison.
Règle n°2. Les techniciens ont toujours tort.
Règle n°3. Tout ce que dit le chef est forcément vrai.
Règle n°4. Le chef sait toujours tout mieux que tout le monde.
Règle n°5. Les idées du Chef, même stupides, sont toujours bonnes.
Règle n°6. Si un technicien a une bonne idée, elle devient automatiquement celle du Chef.
Règle n°7. On entre dans le bureau du Chef avec ses idées personnelles, on en ressort avec les idées du Chef.
Règle n°8. Le Chef n'est jamais en retard, il a été retenu ailleurs.
Règle n°9. Le Chef ne quitte jamais son service, il a une réunion à l'extérieur.
Règle n°10. Le Chef ne lit jamais son journal pendant le service, il s'informe pour protéger l'entreprise des attaques de la concurrence.
Règle n°11. Le Chef a le droit d'être de mauvaise humeur et d'insulter les techniciens, c'est à cause de son stress de Chef et des mauvais chiffres de la qualité de service.
Règle n°12. Le Chef reste le Chef, même en pyjama.
Règle n°13. Plus on critique le Chef, moins on a de primes.
Règle n°14. Le Chef est obligé de penser pour tout le monde : il est le seul à avoir une vision de l'avenir.
Règle n°15. Le chef interprète les règlements à sa guise.


« Que toute loi soit claire, uniforme et précise : l'interpréter, c'est presque toujours la corrompre. » (Voltaire)
« Quand les lois sont obscures, les juges se trouvent naturellement au-dessus d'elles, en les interprétant comme ils veulent. » (Rivarol)
La DSEM, les managers et la réglementation.
En France, c'est hélas une constatation, les gens veulent bien des lois mais ils préfèrent qu'elles s'appliquent aux autres. Dans les grandes entreprises, les groupes bancaires ou industriels une manie est souvent observée : l'interprétation fort curieuse de la loi et des réglementations au détriment du personnel, de l'environnement, de la société ou même de leurs clientèles. La Poste n'échappe pas à ce principe puisqu'elle se fait régulièrement épingler par la presse pour des manquements liés aux contrats de travail. La DSEM faisant partie de la Poste, même si fort peu de gens le savent, se rend également coupable de ce travers. Dans ce cas, c'est à la fois plus subtil, mesquin, de mauvaise foi, souvent par ignorance et tout le temps par vanité ou orgueil. En effet, le petit chef de rayon que la terminologie managériale a bombardé Directeur de ci ou de ça, ne possède pas d'autre pouvoir que celui de faire appliquer le règlement intérieur à ses équipes. Mais tout cela est prodigieusement ennuyeux, sans intérêt sauf si on prend quelques libertés et qu'on se met à tout interpréter. Là, les choses deviennent redoutables entre les mains d'un schtroumpf qui se prend pour Napoléon. Les personnages les plus insignifiants peuvent devenir des despotes que le ridicule finit toujours par faire vaciller. Heureusement pour nous !


« Quelques rares personnes côtoient le sublime, d'autres en voulant les imiter ne parviennent qu'à se vautrer dans le ridicule. Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas, faites attention où vous mettez les pieds. »
Où il faut donner une conclusion, toute provisoire, à un numéro 3.
La vanité et la crainte du ridicule sont les traits les plus saillants du caractère français. C'est étrange, à coup sûr, la vanité étant neuf fois sur dix la source du ridicule. La vanité est le caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et qui étale complaisamment son plaisir de paraître. Ce mot est tiré de l'adjectif vain qui signifie vide, dépourvu de réalité et de sérieux, sans effet, inefficace, futile. Le vaniteux sera donc un individu qui comblera son manque de compétence par l'exercice d'un pouvoir qu'il ne maîtrise pas.


Au sommaire du prochain numéro (peut-être ou peut-être pas).
Le management n'est pas une science exacte, c'est bien connu mais tous les managers n'en ont pas conscience. Certains même ne savent rien, sont aux commandes et s'estiment indispensables. Pourquoi alors, quand ils ne sont pas là, les choses marchent-elles bien mieux ? Vous le saurez dans le numéro 4 de ce périodique, à moins que je ne vous en apprenne d'autres. Sait-on jamais !

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